Réponse de l’UFBJOP à l’article « La vérité sur les délocalisations du luxe »

05.07.2012

Rencontres du Métier

Suite à l’article « La vérité sur les délocalisations du luxe » paru dans le magazine Challenges du mois de juillet (voir ci-joint), l’UFBJOP a tenu à répondre aux informations avancées par son rédacteur. Vous retrouverez ci-dessous la lettre de Monsieur Daniel Cambour, Président, envoyée le 5 juillet au magazine sous forme d’un droit de réponse.

« Cher Monsieur,

Nous avons pris connaissance de votre article paru dans Challenges du 2 juillet, intitulé « La vérité sur les délocalisations du luxe». Représentante de la filière de fabrication de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie, des Pierres et des Perles, notre organisation professionnelle souhaite apporter les précisions ci-après, qui lui paraissent fondamentales pour une réelle connaissance du sujet.

En premier lieu, la filière française de fabrication de bijouterie joaillerie et d’orfèvrerie représente près de 3000 entreprises et 9000 emplois ; c’est une filière composée d’artisans, de TPE, de PME familiales, de groupes industriels et des grands groupes de luxe, qui produit deux milliards d’euros de chiffre d’affaire annuel, et exporte 46% de sa production – soit 800 millions d’euros – contribuant ainsi par ses hauts savoir-faire à la richesse de la nation et à l’image de la France dans le monde. Quatorze établissements d’enseignement forment plus de 600 élèves par an aux métiers de la fabrication, au Brevet des Métiers d’Art, niveau 4 de l’Education nationale, et au Diplôme des Métiers d’Art, niveau Baccalauréat + 2 de l’Education nationale.

C’est dire que c’est un secteur de fabrication qui a su résister, contrairement à d’autres branches d’industries de main d’œuvre, et qui se développe aujourd’hui, dans une dynamique de croissance, portée par le développement du luxe français dans le monde. Plusieurs affirmations de l’article nous apparaissent inexactes ou induire le lecteur en erreur.

• Ainsi, « le label made in France ne serait pas contraignant, la dernière opération en France étant suffisante pour obtenir le poinçon de la douane » : Or, le poinçon de la douane est un poinçon qui garantit le titre de métal précieux, (un poinçon tête d’aigle pour l’or 18 carats, 750 millièmes), indépendamment de l’origine de fabrication.

• Contrairement au présupposé de l’article, la branche compte de nombreux ateliers de joaillerie, partenaires des grandes maisons de luxe, à l’instar d’autres secteurs, telle la haute couture. Ces ateliers de haute façon, composés essentiellement de PME, sont liés avec leurs donneurs d’ordre par des cahiers des charges exigeants, notamment en termes de traçabilité ; ces ateliers s’inscrivent notamment dans la démarche du RJC, Responsable Jewellery Council, une certification mondiale d’une chaine de valeur responsable, de la mine à la distribution.

• De la même façon, on ne peut laisser croire que la joaillerie et bijouterie française a été massivement délocalisée, pour minorer les coûts et répondre à la croissance de la demande en volume. De nombreuses entreprises installées en Ile-de-France et en province répondent à ces nouveaux besoins, en termes de compétitivité.

• On ne peut laisser croire aussi que le « client n’y voit que du feu » : ceci reviendrait alors à dire que le produit serait présenté comme étant fait en France, alors qu’il ne l’est pas, ce qui s’apparenterait à une opération mensongère : L’apposition d’une mention « made in France » relève ainsi de la responsabilité pleine et entière de l’opérateur. Précisément, c’est pour suppléer à l’absence de réglementation claire et contrôlée sur l’appellation made in France que les professionnels ont créé en 2006 un label d’origine de fabrication « Joaillerie de France » certifiant que les produits sont fabriqués, sertis, polis en France, et réalisés selon les règles de l’art ; les conditions d’obtention de ce label sont définies par un cahier des charges rigoureux, et l’apposition d’un poinçon de garantie d’une forme particulière et originale agréé et contrôlé par la direction générale des douanes.

La filière compte de nombreuses entreprises engagées dans des démarches de pratiques responsables et des démarches de certification, attestant que les produits sont fabriqués en France, répondant à l’exigence croissante des consommateurs d’être informés sur l’origine des produits. Cette évolution de notre secteur ne peut être que positive pour la fabrication française, puisque celle-ci s’inscrit dans des dispositifs fiscaux, environnementaux, sociaux, et éthiques supérieurs à ses concurrents étrangers.

Enfin, l’entreprise citée dans votre article met en avant un modèle économique opaque de délocalisation du savoir-faire français : elle ne peut s’exprimer qu’à titre personnel, et en aucune façon, engager notre filière, étant précisé par ailleurs qu’elle n’est plus membre de l’Union française, ne partageant ni ses valeurs ni ses objectifs de promotion de la joaillerie française.

Vous souhaitant une bonne réception, nous nous tenons à votre disposition pour des informations complémentaires, et nous vous prions d’agréer, Cher Monsieur, nos salutations distinguées. »

Voir l’article Challenges