Trucost : vérité sur l’impact des sept plus grands producteurs mondiaux de diamants bruts

03.07.2019

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C’est donc Trucost ESG Analysis, organisme d’étude indépendant appartenant à S&P Global*, qui a été chargé de réaliser le rapport intitulé : L’impact socio-économique et environnemental de l’extraction de diamants à grande échelle. Cette analyse s’attache à donner une vision objective de l’impact de la production de diamants bruts par les membres de la DPA (l’extraction minière artisanale – soit 15% de la production – n’est pas prise en compte dans ce rapport.)

À l’occasion de sa conférence à l’UFBJOP et en présence des membres de l’Union, partenaires, détaillants, joailliers, négociants, orfèvres, créateurs présents, Jean-Marc Lieberherr est revenu sur les points fondamentaux soulevés dans le rapport. En voici un condensé.

• Cette étude est un « snapshot » de l’année 2016 et de l’activité des 7 grands miniers sur leurs sites au cours de cette même année, de l’extraction des diamants aux activités de développement.

• 2 types de données ont été répertoriées : des données financières et physiques.

• Les membres de la DPA embauchent près de 77 000 personnes dans le monde.

• L’impact économique positif de la DPA s’élève à 16 milliards de $ par an soit 482$ par carat taillé. En guise d’élément de comparaison, le CA de l’ensemble des membres de la DPA s’élève à 12 milliards de $ par an… 80% de ces 16 milliards sont redistribués aux populations locales.

• Les membres de la DPA représentent 4 milliards de $ d’emplois locaux et donc de richesses créées par l’emploi auprès des économies locales. Il faut noter, et c’est un chiffre important, que 98% de l ‘emploi dans le domaine de l’extraction minière de diamants à grande échelle est local.

• 300 millions de $ de projets sociaux (en lien avec les écoles ou la santé) sont financés, par an, par les membres de la DPA.

• 7 milliards de $ sont dépensés chaque année en achats locaux.

• 3 milliards de $ sont reversés chaque année aux gouvernements locaux (sous forme de dividendes, royalties, etc.)

• 2,2 milliards de $ ne sont pas distribués.

• 500 millions de $ de dividendes sont versés aux actionnaires des membres de la DPA.

Les actions des membres de la DPA se concentrent sur 3 piliers, que sont leurs employés, les communautés locales et l’environnement.

Ainsi, l’employabilité et les opportunités d’emploi pour les locaux sont au nombre des priorités relevées dans le rapport.

La sécurité des équipes est également apparue comme une priorité absolue. Comme l’explique Jean-Marc Liebeherr « l’activité minière est intrinsèquement dangereuse. » Mais la performance des grands miniers en la matière est exceptionnelle, selon le DG de la DPA : « il est plus sûr de travailler à la mine que de faire du jardinage chez vous ! » Il y aurait effectivement 1 incident pour 1 million d’heures travaillées, soit un pourcentage de 0,20 ! Il n’est pas question pour autant de sous-estimer ces incidents graves, souvent imputables à des erreurs humaines ; mais l’obsession qu’ont développée les miniers pour la sécurité est réelle et les amène à disséquer le moindre d’entre eux…

Selon le rapport toujours, il apparait que les emplois locaux, proposés par les membres de la DPA sont qualifiés et rémunérés à hauteur de 66% de plus que le salaire moyen et 5x plus que le salaire de subsistance. Des progrès restent cependant toujours à faire en matière d’égalité hommes-femmes…

Selon Jean-Marc Lieberherr, l’activité des miniers ne se base pas sur une relation de « give back » à destination des populations locales, mais bien plutôt de « donnant-donnant ». Il s’en explique en ces termes : « Nous ne pouvons pas avancer sans les populations locales. La quasi totalité des biens et services nécessaires à nos opérations sont achetés localement. On peut d’ailleurs ainsi espérer aider des entreprises locales à se lancer et se développer, pour pouvoir, ensuite, survivre à la fermeture de la mine. »

L’environnement : le point rouge de l’activité ?

Le plus grand bémol de ce rapport est sans conteste l’environnement. Mais il faut remettre les choses dans leur contexte :

• L’impact sur l’eau et les sols est limité et sous contrôle strict des gouvernements et des communautés (déchets, pollution).

• Au total, l’impact au sol, à l’échelle de la planète, de ces carottes que sont les puits de kimberlite correspondrait à une surface de 850km2, soit la superficie de l’État de New-York.

• 83% de l’eau utilisée par les miniers est recyclée.

• Les diamants sont extraits sans produits chimiques. Des explosifs sont utilisés au sein des mines sous certaines conditions et des produits chimiques servent à nettoyer les pierres.

• La production de diamants reviendrait ainsi à un coût de160kg de C02 par carat taillé. À titre de comparaison, un I-phone (dont la durée de vie est autrement plus limitée) coûterait 57kg de CO2.

Pour résumer, l’empreinte de la DPA en matière environnementale s’élèverait donc à 250 millions de $. Mais l’impact positif des membres de la DPA pour « réparer » ce coût, s’élèverait lui à… 250 millions de $ !

Les grands miniers ont, pour minimiser et réduire leur impact, mis en place un processus collaboratif, travaillant par exemple sur les moyens de réduire leur consommation d’énergie. De Beers a lancé un groupe de projet qui cherche notamment la manière d’utiliser les déchets de kimberlite produits (le gros des déchets de l’extraction) pour piéger le CO2. Enfin, les membres de la DPA adossent leurs actions sur les objectifs de développement durable des Nations Unies.

Le Programme ASSURE

Lancé il y a un an et demi par la DPA, ce programme vise à aider les professionnels de l’industrie du diamant à s’équiper en outils de qualité pour détecter les diamants synthétiques non déclarés dans leur plis de taillé notamment.

Le programme ASSURE propose donc d’une part des guides informatifs et généraux pour aider les professionnels à mettre en place des bonnes pratiques. D’autre part, il publie un annuaire récapitulatif des protocoles de tests effectués sur les machines de détection.

Un comité technique a été instauré pour définir la méthodologie utilisée. Son but ? Diffuser l’information la plus transparente qui soit. Il n’a évidemment pas été simple de convaincre les fabricants d’outils de détection des diamants synthétiques de s’associer au projet… Certaines machines demandaient également un très haut niveau d’expertise pour être utilisées. Enfin, il faut tout de même noter que les tests, pour répondre au très haut niveau d’exigence demandé, ne sont pas conformes à la réalité. Ainsi, les échantillons de diamants testés contenaient un nombre bien plus importants de diamants synthétiques que ceux auxquels les détaillants ont jamais été confrontés dans la réalité.

S’appuyant sur le rapport de Trucost, la DPA a lancé sa plate-forme Total Clarity, pensée pour être « une source transparente et fiable d’informations sur l’impact socio-économique et environnemental de l’industrie diamantaire ». 2 ans de travail ont été nécessaires pour collecter les données auprès des membres et conformément à de hautes exigences en matière de transparence.

Le rapport est donc également accessible sur www.Total-Clarity.com ou via Instagram : @TotalClarityDiamonds

En France, vous pouvez accéder au rapport et à des données précises sur les diamants naturels sur le site, www.diamant-naturel.fr

La Diamond Producers Association (DPA) est une alliance mondiale des plus grands producteurs de diamants qui sont unis dans leur engagement envers des opérations éthiques et durables et des pratiques commerciales de premier ordre. Ensemble, les membres de la DPA représentent la majeure partie de la production de diamants dans le monde.

* Parmi les critères de choix de l’organisme, il a été vérifié qu’aucun membre de la DPA n’était en relation d’affaires ou n’avait des projets avec S&P Global.